Ca y est, le père Noël est passé, les enfants ont eu leurs cadeaux. Je peux donc vous montrer ce que Greg et moi nous avons offert.
Mais d'abord, je dois vous dire que depuis le 21 septembre dernier, notre famille compte un enfant de plus : un petit Marceau.
Et comme nous sommes en train de lui refaire sa chambre, je voulais qu'on lui offre un objet pour sa chambre. J'ai d'abord pensé lui faire un mobile pour son lit. Puis j'ai changé d'idée.
Euh, en fait, j'ai changé d'idées à peu près chaque jour du mois de décembre. Oui, c'est très fréquent chez moi!
Je vis à 100 à l'heure, mais seulement dans ma tête!
Enfin, une semaine et demi avant Noël, il a bien fallu s'arrêter sur une idée, voire sur plusieurs... Vous allez comprendre.
Lorsque j'étais ado, j'ai fait pas mal de scéances de kiné. Ca se passait dans une grande salle où tous les patients faisaient leurs exercices. Là, il y avait une dame qui était paralysée d'un bras et pour sa rééducation de la main, elle utilisait un grand tableau sur lequel il y avait plein d'objets du quotidien, comme un robinet, une prise électrique, un cadenas... Cela m'avait frappée de voir comment des gestes anodins du quotidien étaient difficiles à réacquérir pour cette dame.
Quelques années plus tard, lorsque ma première fille a commencé à jouer avec les interrupteurs, les clenches de porte (et aussi un peu avec les prises électriques !) j'ai repensé à ce tableau chez le kiné. J'ai cherché sur internet pour voir si une société vendait ce genre de tableau, mais je n'ai rien trouvé. J'ai regardé sur les blogs français pour voir si quelqu'un en avait frabriqué un. Mais je n'ai rien trouvé.
En fait, c'est sur un site américain que j'ai découvert que ce genre de tableau s'appelait un " SENSORY BOARD " . Quelques mamans outre-atlantiques en fabriquent pour leurs enfants. Vous pouvez aller les voir sur google ou sur pinterest.
J'ai donc décidé de créer et d'offrir un sensory board à mon fils.
En surfant sur le net, j'ai vu que la plupart des sensory board, en plus des accessoires du quotidien, comporte des textures à toucher, comme dans les livres pour enfants. Ni une, ni deux, je redessine mon sensory board pour qu'il ait une partie " textures ".
Et pour corser un peu la chose, je décide d'y associer un projet que j'ai depuis longtemps, en fait, depuis que j'ai lu cet article. Il s'agit d'un "quiet book" que l'on peut traduire par "livre pour avoir la paix" fabriqué en tissu par les mamans pour occuper leurs enfants pendant les trajets en voiture. Je trouve celui-ci très astucieux car il apprend aux enfants à s'habiller TOUT SEUL (euh, en théorie). Par exemple :
C'est sympa, non. Mais je n'ai jamais eu/pris le temps de le faire. Du coup, c'était l'occasion.
Mon sensory board aura donc 3 parties.
Je vous rappelle que l'on est à 1 semaine et demi de Noël. J'explique le concept du sensory board à Greg (vu que j'ai besoin de lui pour la partie technique). Il adore l'idée. On passe la soirée à s'échanger nos idées : on pourrait mettre ceci, faire comme ça... Les idées fusent ! On est surexcités et dans l'euphorie du moment, pris par notre élan, ça a un peu dérapé, car ce n'est pas 1 ni 2 sensory board que nous décidons de créer, mais 6! (pour chaque enfant de moins de 3 ans dans nos familles).
Dès le lendemain, nous nous sommes mis à la tâche, et nuit après nuit (ben oui, on ne pouvait pas le faire devant les filles qui croient encore au père Noël), parfois jusqu'à 4 heures du matin, nous avons réalisé les 6 sensory board suivant :
Sur la photo, il n'y en a que 5. C'est parce que celui pour Marceau n'est pas entièrement fini : j'attends qu'il ne rentre plus dans sa salopette pour la découper.
Tous les sensory board sont quasi identiques, et ressemblent à celui-ci :
Le support est une plaque de contreplaqué de 60 x 80 cm en 10 mm d'épaisseur. Ils sont vendus chez Leroy Merlin prédécoupés. Il a quand même fallu poncer toutes les arêtes et les angles afin de les rendre arrondis, pour plus de sécurité pour les enfants. Une étape longue et fastidieuse accomplie par Greg sans raler (enfin, à cette étape-là, il ne ralait pas encore!).
A gauche, la partie "textures à toucher". Au centre, les "accessoires du quotidien". Et à droite, la poupée avec les habits à manipuler.
Commençons par la partie "textures" :
Ce sont 10 carrés de 12 cm de côté.
1) c'est un morceau d'antidérapant pour tapis trouvé à la Foirefouille
2) un carton recouvert d'une feuille d'aluminium. En fait, c'est un plan B, car à l'origine, il devait y avoir un miroir. Mais je n'ai trouvé que des 15 x 15 cm et j'avais peur qu'une fois coupés sur 2 tranches, ils deviennent coupant pour les enfants.
3) c'est un tissu de Doudou, très doux et moelleux
4) c'est un morceau de gazon artificiel. Le type de chez Saint Maclou n'a jamais voulu nous fournir un échantillon. Il a fallu acheter une bande de 12 cm par 2 mètres.
5) c'est un tissu qui se trouvait sous un matelas à langer. Les petits pois sont en matière antidérapante et ça fait un peu la même sensation que le braille.
6) de la toile cirée
7) c'est une MOP (sorte de serpillière) trouvée chez La Foirefouille
8) du liège de mon stock
9) du scotch brite blanc
10) de la moquette
La partie "textures" était la plus simple à réaliser une fois toutes les matières rassemblées.
Voici maintenant la partie centrale entièrement réalisée par Greg :
1) un interrupteur qui fait bien clic-clac
2) un verrou à tourner
3) une chainette de sécurité
4) une targette ou verrou d'écurie
5) une calculatrice solaire
6) un loquet à levier
7) un cadenas
8) un robinet
Bon, vous pouvez voir que l'on n'a pas mis la prise électrique. Pas con, hein!
Et enfin, la dernière partie, la poupée à habiller :
J'ai découpé des bandes dans du jean's noir. J'ai fait les visages en appliqué (oui, je sais, ni Greg ni moi ne sommes doués en dessin!) dans des tissus couleur de la peau achetés il y a quelques années chez Marotte et Cie lors d'un salon de loisirs créatifs.
Ca a été un gros travail à la chaîne, un peu fastidieux. Greg à la découpe, moi à la machine à coudre.
J'ai cousu des cheveux en laine par une couture verticale au centre. Puis j'ai cousu les 2 élastiques du haut au jean's. J'y ai fait passé les cheveux, fait des nattes terminant par d'autres élastiques non fixés.
Ensuite j'ai cousu les ballons : l'un s'accroche au jean's par un bouton pression et l'autre par un morceau de scratch.
Pour le bouton pression, j'ai préféré découper une pression sur un body, plutôt que de poser la pression moi-même, pensant que ce serait plus solide.
J'ai cousu le haut d'une salopette au jean's.
Puis, j'ai dessiné une main au stylo bic sur le tissu couleur de la peau, que j'ai cousu en appliqué en emprisonnant les fils des ballons et celui d'une moufle.
2 rectangles de tissu ont formé une jupe, fermant avec une boutonnière et un gros bouton.
Et enfin 2 chaussures sont collées au jean's par de la colle "ni clou ni vis" : une chaussure à lacets et une autre à boucle.
On a passé une semaine et demi de folie.
Oscillant entre "c'est vraiment une super idée qu'on a eu! " à "putain, quelle idée de merde!", en passant par "un doudou, c'était bien comme idée un doudou? Tous les enfants aiment les doudous! Demain t'iras acheter 6 doudous!"
Finalement, l' "idée de merde", c'était d'en faire 6! (ou de s'y prendre 1 semaine et demi avant Noël!)
Mais on ne regrette rien. On a beaucoup rigolé, beaucoup ralé aussi (surtout moi en fait, faut bien le dire!) et on s'est un peu engueulé. Mais on est fier de ce que l'on a fait.
La découverte :
Le matin de Noël, on n'a vu que 3 enfants sur les 6 déballer leur sensory board.
C'est marrant, les 3 ont eu la même réaction : la première chose qu'ils ont touché, c'est l'interrupteur. Et en l'actionnant, ils ont tous regardé le plafonnier, s'étonnant qu'il ne s'éteigne pas!
Ils ont bien aimé toucher les différentes textures, avec une préférence pour la MOP et le gazon, sûrement à cause du relief.
Les "must have" de la partie centrale, ce sont l'interrupteur, la chaînette et la calculatrice à couvercle.
Calculatrice que ma fille Apolline a pris pour un téléphone : elle a approché son oreille de la calculatrice et a dit :
" Allo? Allo Camille!? Je ne comprends rien. Ne parle pas la bouche pleine! On se rappelle!"
Pour la dernière partie, la poupée à habiller, il a fallu leur expliquer ce qu'il fallait faire. Mais dans l'ensemble, ils préfèrent les 2 autres parties. Peut-être qu'ils sont encore un peu petit pour cette partie.
Pour conclure, je vais citer la personne qui a fait le "quiet book" des habits car je ressens la même chose :
"I'm so happy with how it came out! Good thing too, because it took fo-e-vah to make. Why is everything I do so laborious? I think I must just be a very laborious person."
que l'on peut traduire par :
" Je suis contente du résultat. C'est une bonne chose, parce que j'en ai bavé. Pourquoi tout ce que je fais est laborieux? Je dois être une personne très laborieuse."